Les instances nationales du thermalisme en Auvergne
Le 15 février dernier, les représentants des instances nationales du thermalisme avaient fait le déplacement en Auvergne, pour une réunion sur les enjeux nationaux et régionaux du secteur, aux Thermes de Royat.
Étaient présents Jean-Yves Gouttebel, coordinateur interministériel en charge du thermalisme, Paul Audan, président de l’Association Nationale des Maires de Communes Thermales (ANMCT), Jean-François Béraud, président de la Fédération Thermale et Climatique Française (FTCF) et Jean-Frédéric Gonthier, président du Club des Offices de Tourisme en stations thermales.
Autour d’Yves-Jean Bignon, président de Thermauvergne, des autres présidents de structures thermales régionales et d’Eric Brut, directeur général, les acteurs locaux des stations thermales s’étaient mobilisés nombreux pour cette réunion d’échanges.
Les enjeux régionaux mis en perspective
Devant les autorités nationales du thermalisme, Éric Brut, directeur général de Thermauvergne, a ensuite présenté le travail réalisé au niveau d’Auvergne Thermale, en rappelant au préalable l’historique de la construction du modèle (unique en France et en Europe) et en insistant sur la nécessité de « synergies encore plus fortes avec le national ».
Les présidents de l’écosystème « Auvergne Thermale » étaient présents à cette soirée d’échanges. Yves-Jean Bignon, président de Thermauvergne, a introduit la séance, entourés de ses collègues, Danielle Faure-Imbert, présidente de la Fédération Thermale Auvergne-Rhône-Alpes (FTARA), François Constantin, président du Syndicat Intercommunal Thermal du Puy-de-Dôme, Sébastien Dubourg, président de La Route des Villes d’Eaux du Massif Central et Didier Monssus, président du GIE Auvergne Thermale Qualité. Il s’est félicité de la venue en Auvergne des représentants nationaux du secteur, « pour leur premier déplacement en région, dont il est très fier ». L’objectif de la réunion est pour lui d’ « évoquer les grands enjeux du thermalisme français, face à ses menaces et à ses opportunités et de construire collectivement les réponses adaptées à ces enjeux. »
4 enjeux stratégiques ont été définis lors de la conférence des présidents des structures de l’Auvergne Thermale, mise en place cette année :
- un enjeu de santé publique, autour de la place de la médecine thermale dans la santé, qui doit être développée
- un enjeu économique, qui vise à générer plus de retombées commerciales pour les acteurs des stations
- un enjeu social, sur l’employabilité et l’attractivité de la filière et des métiers en station thermale
- un enjeu environnemental, crucial, sur la gestion de la ressource en eau, des énergies et de la résilience de nos destinations thermales face aux conséquences du changement climatique
Un coordinateur interministériel pour le thermalisme
Suite à cette présentation, Jean-Yves Gouttebel s’est félicité de voir qu’en Auvergne et dans le Massif Central « le thermalisme est à la pointe du progrès et peut servir de référence, en matière de développement ».
Il a ensuite rappelé son parcours personnel qui l’a vu, suite à un rapport rédigé sur l’avenir du thermalisme français, se voir confier dès 2021 une mission en tant que coordinateur interministériel Plans Thermalisme et Avenir Montagne. Il définit globalement son rôle comme « une interface entre le monde du thermalisme et les pouvoirs publics ». Il note la complexité de sa tâche au niveau gouvernemental, avec une dizaine de ministères concernés, qu’il met en relation avec l’unité du monde thermal. Le travail de Jean-Yves Gouttebel consiste en un dialogue permanent avec l’ensemble de ces acteurs.
Il annonce que lors de la dernière réunion interministérielle, un programme a été défini avec parmi les lignes directrices : la création d’un Groupement d’Intérêt Public dédié à la recherche médicale thermale, le développement en milieu thermal de la rééducation fonctionnelle et de la prévention santé, la réflexion autour de la géographie médicale et de la ressource en eau ainsi que la valorisation du patrimoine thermal. Pour Jean-Yves Gouttebel, l’effort de diversification de l’activité thermale vers le bien-être, la remise en forme et le sport santé doit s’intensifier.
Recherche médicale, observation économique, stratégie marketing
Le rôle du coordinateur interministériel est jugé « précieux » par Paul Audan, président de l’Association Nationale des Maires de Communes Thermales (ANMCT). En préambule de son intervention, il salue également l’action des opérateurs thermaux que son association accompagne. Selon lui, la création d’un GIP autour de la recherche médicale thermale est « urgente » et mérite une mobilisation de tous les acteurs, afin d’objectiver le service médical rendu par le thermalisme. En parallèle, la récente création d’un observatoire économique des stations thermales est selon lui une avancée importante, pour ne pas dire indispensable, afin de mesurer le poids économique du secteur. Il est revenu aussi sur le lancement en 2023 du nouveau concept « Villes d’eaux, villes de bien-être » avec Atout France, pour accompagner la diversification touristique des stations thermales.
Jean-Frédéric Gonthier, président du Club des Offices de Tourisme en stations thermales, a mis en avant l’intérêt d’une vraie stratégie marketing nationale et avec des moyens financiers importants mobilisés. Il rappelle que ce long processus a démarré par un travail d’audit du réseau des stations thermales et de la mise en place de critères d’adhésion à la démarche. Le lancement de la démarche « Villes d’eaux, villes de bien-être », cofinancé par Atout France, répond à la fois à un enjeu d’image, pour positionner les stations thermales comme des « îlots de bien-être » et à un enjeu commercial, pour accélérer la reprise du secteur.
Le tourisme au secours du thermalisme
Jean-François Béraud, président de la Fédération Thermale et Climatique Française (FTCF), a été le dernier intervenant de la soirée. En introduction de son allocution, il s’est focalisé sur les chiffres de fréquentation des cures conventionnées pour 2023, qui sont en-deçà de ce que la profession avait imaginé. Avec encore un différentiel de 21% par rapport à 2019, année de référence, le rebond post-Covid n’est pas satisfaisant. Face au « séisme qu’a représenté la pandémie pour le thermalisme médicalisé », Jean-François Béraud s’appuie sur les chiffres de l’observatoire économique des stations thermales pour constater que « sans les nuitées touristiques marchandes, c’était la catastrophe assurée. » Il fait état d’une poussée très forte d’un tourisme multiformes, salvateur en cette période. Selon lui, l’« opposition entre le thermalisme et le tourisme est une vision du passé, il faut au contraire profiter de tous ses atouts ».
Il poursuit son intervention en saluant le travail effectué par Thermauvergne et La Route des Villes d’Eaux du Massif Central. Ces associations ont porté des sujets précurseurs, comme l’observation économique, la valorisation du bien-être et du patrimoine thermal… qui ont été ensuite repris au niveau national.
Pour conclure, il indique que les prochaines rencontres nationales du thermalisme auront lieu à Gréoux début novembre 2024 et dans les stations du Sancy (La Bourboule, Le Mont-Dore) en 2025.