Le Grand Entretien avec Jean-Yves Gouttebel
Depuis quand êtes vous coordinateur interministériel pour le développement du thermalisme et en quoi consiste cette mission ?
En 2021, le Gouvernement m’a charge de rédiger un rapport sur le thème “Quel avenir pour le thermalisme français ?” que j’ai remis au Premier Ministre en mai de cette année-la ; j‘étais alors Président du Conseil départemental du Puy-de-Dôme. A la suite de ce rapport, a la demande du Président de la République, j’ai été nommé Coordinateur Interministériel pour le Thermalisme et le Plan Avenir Montagne le 1er septembre 2021.
S’agissant du volet thermal, ma mission consiste a assurer l’interface entre les acteurs du thermalisme et I’exécutif, a mieux faire travailler ensemble les différents ministères qui ont une compétence directe ou indirecte en matière thermal (Ministères de la Santé, du Tourisme, des Territoires etc) soit une dizaine de ministères, nous sommes dans ce que l’on appelle de ” l’interministériel”. Troisième volet de ma mission : proposer un schéma de développement pour un thermalisme du XXIeme siècle.
Quels sont, selon vous, les points forts du thermalisme dans le contexte actuel ?
|| faut avoir présentes à I’esprit deux spécificités du modèle thermal français : d’une part, une forte présence de I‘activité thermale dans les massifs montagneux et 71 % des stations thermales sont des communes de moins de 5 000 habitants; c’est dire l’impact territorial du thermalisme.
D’autre part, près de 90 % des cures sont prises en charge par I’Assurance Maladie ; c’est la une force car notre dispositif social français garantit la quasi-totalité du chiffre d’affaire des établissements thermaux, mais c’est aussi une faiblesse car I’activité thermale est très dépendante du remboursement par I’Assurance Maladie.
J’ajoute que |e potentiel thermal français représente 20 % du thermalisme européen, ce qui est considérable et largement sous exploité.
Reconnaissez-vous une particularité au thermalisme auvergnat dans cet écosystème ?
Le thermalisme auvergnat est innovateur, il est diversifié et bien structuré.
Thermauvergne, qui en est une illustration, est un acteur capable de fédérer et de mutualiser, c’est I’affichage d’une volonté déterminée des acteurs du thermalisme. L’Auvergne et le massif central ont été des précurseurs en la matière et il importe de garder cette Iongueur d’avance. Et je peux vous dire combien l’Etat est sensible a
cette posture.
Où en est la création très attendue du GIP autour de la recherche thermale ?
La recherche médicale thermale conditionné I‘avenir du thermalisme. Les autorités de santé et I’Assurance Maladie ont plus d’exigences en matière de SMR (service medical rendu).
C’est pourquoi i| faut faire franchir une nouvelle étape a la recherche. C’est ce qui m‘a amené a proposer de redéfinir les contours et les méthodes en matière de recherche médicale thermale en proposant en appui de cela une structure mieux adaptée qui pourrait étre un GIP (Groupement d’intérét public) par exemple ou même un Groupement d’intérêt scientifique.
Lors d’une réunion qui s’est tenue Ie 23 mai dernier au Ministère de la Santé et de la Prevention, nous avons acté Ie principe de la nomination d’un préfigurateur pour proposer le schéma le mieux adapté. || devra s’entourer d’experts, d’universitaires et de représentants du thermalisme et nous remettre ses propositions a la rentrée. Je souhaite que nous puissions faire les annonces officielles Iors du congrès de Gréoux les Bains, début novembre. Je précise que nous ne partons pas de rien en matière de recherche. Un important travail a été réalisé par l’AFRETh et i| sera évidemment pris en compte par le nouveau dispositif.
Quels sont, à moyen et long terme, les enjeux que devra relever notre secteur ?
Trois défis majeurs doivent être relevés par le thermalisme français : un défi environnemental, l’enjeu de la recherche, la diversification de l’offre thermale et l’attractivité du thermalisme français.
Sur la question de la recherche, je crois avoir répondu a la question.
Le défi environnemental c‘est la question de I’eau, car sans eau plus de thermalisme ! Il convient d’appréhender cette question au niveau de la gestion de la ressource et au niveau des rejets.
Prochainement une convention sera signée en la matière entre I’Etat et les professionnels du thermalisme.
La diversification de I’offre doit s’envisager dans deux directions. Il s’agit d’enrichir l’offre médicale vers la prévention mais il faut aussi envisager d’intégrer de nouvelles activités comme Ia rééducation fonctionnelle. La diversification de l’offre c’est aller vers la remise en forme et le bien-être. C’est aussi construire une stratégie d’alliance avec le tourisme, intégrer Ia valorisation du patrimoine bâti et urbain thermal, prendre en compte le patrimoine naturel qui offre un cadre à l’amélioration du bien-être.